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ses peuples, d’être extrême- ment fiscal, et de faire tout ce qu’il est possible d’ima- giner pour avoir de l’ar- gent[a]. Or, cette conduite commencera à le rendre odieux à ses sujets (1) ; et, en s’appauvrissant ainsi de plus en plus, il perdra l’es- time de chacun d’eux (6), de telle sorte qu’après avoir

» (a)

(A) Cicéron assure que le prince libérât perd plus de cœurs qu’il n’en gagne, et que la haine de ceux auxquels il prend pour donner, est bien plus grande que la reconnaissance’de ceux auxquels il donne i Ncc tanta studia assequuntur qorum quibus dederunl, quanta odia eorum quibus ademerutit ( Qffic. L. 2). Pline le jeune pensait qn’e le prince ne devait rien donner, s’il ne~pouvait donner aux uns qu’en prenant aux autres ; iVïfoV iargiaturprincept, dùm nihil auferat ( Panegyr). La pensée de Tacite est aussj uafe que profonde, lorsqu’on parlant d’Othon il dit : 1 Ce prince qe saura pas donner, mais il saura dissiper ; et cqyx— là qe trompent fort, qui prennent la prodigalité-pour la libéralité : Perdere iste sciet, donare nesciet. Fallunlur quibus luxuria speciem liberalitqlis imponit. — Pline le jeune ne veut point qu’on appèle libéraux ceux qui ôtent à l’un pour donner à l’autre ; « ils n’.mt acquis, dit-il, leur réputation de libéralité, que par une véritable avarice » : Qui quod huic donant auferunt illi, famam UberalitaUs avaritiâ pet uni (Ep. 3o. L. 9).

  1. Si par ambition un prince épuise le trésor public, dit Tibère, Il ne pourra le remplir que par des moyens injustes : Si ærarium ambitione exhauserimus, per scelera supplendum erit (Tac. Ann. 2).