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machiavel.

CHAPITRE XVI.

De la libéralité, et de la misère (l’avarice).

Commençant par la première de ces qualités, je dirai combien il serait utile d’être libéral ; cependant, la libéralité qui empêcherait qu’on ne te craignît, te serait nuisible. Si tu l’exerces sagement comme elle doit l’être, de manière qu’on ne le sache pas (1), tu n’encourras pas pour cela l’infamie du vice contraire. Mais comme celui qui veut se conserver, parmi les hommes, la réputation d’être libéral, ne saurait s’abstenir de paraître somptueux, il arrivera toujours qu’un Prince qui veut en avoir la gloire, consumera en prodigalités toutes ses richesses ; et à la fin, s’il veut continuer à passer pour libéral, il sera forcé de gréver extraordinairement

(1) C’est aussi trop évangélique. A quoi servirait d’être libéral, si l’on ne l’était pas par intérêt et par vanité ? R. C.