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ne pouvaient avoir que bien

peu de fantassins, ni en nourrir beaucoup, et que par conséquent l’infanterie ne pouvait leur faire acquérir un grand renom (1). Ils préféraient la cavalerie, dont ils proportionnaient la quantité aux ressources du pays qui devait l’alimenter, et dans lequel elle était honorée d’autant plus qu’on l’y nourrissait avec facilité. Les choses en étaient au point que, dans une armée de vingt mille hommes, on ne comptait pas deux mille fantassins (2).

Ils avaient, en outre, pris tous les moyens possibles, pour éloigner de leurs soldats et d’eux-mêmes la fatigue et la peur, en introduisant l’usage de ne pas tuer dans les mêlées, mais d’y faire des prisonniers, sans les massacrer (3). Pendant la nuit, ceux des tentes n’allaient point camper dans les terres, et ceux des terres ne revenaient pas aux tentes ; ils ne faisaient autour de leur camp

(1) Misérable ! pitoyable ! G.

(2) Pas le sens commun. Et on les vante ! G.

(3) Lâcheté ! ineptie ! sabrer, hacher, tailler en pièces, écraser, foudroyer, etc. G.