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Au surplus, l’ennemi ayant dû naturellement, dès son arrivée, brûler et ruiner le pays, lorsque les assiégés étaient dans la premiére ardeur de la défense, le prince doit d’autant moins avoir de défiance ensuite, qu’après qu’il s’est écoulé quelques jours, les esprits sont refroidis, les dommages se trouvent faits, les maux ont été déjà soufferts, et restent sans remède. Les citoyens alors viennent d’autant mieux se réunir à lui, qu’il leur paraît avoir contracté envers eux une nouvelle obligation, à raison de ce que leurs maisons et leurs possessions ont été ruinées pour sa défense (1). La nature des hommes est de s’engager ainsi par les bienfaits qu’ils accordent, comme par ceux qu’ils reçoivent. Il en faut conclure que, tout bien considéré, il n’est pas difficile à un prince, qui a de la prudence, détenir d’abord, et dans la suite pendant tout le temps d’un siège, les esprits de ses

(1) Que cela soit ou ne soit pas, je m’en soucie peu : je n’en ai pas besoin. R. I.