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qui l’attaquerait s’en retournerait avec honte. Les choses de ce monde sont si variables, qu’il est presque impossible que celui qui attaque, étant rappelé chez lui par quelque vicissitude inévitable dans ses états, reste une année à rôder avec son armée, sous des murs qu’il ne peut franchir (1).

Si quelqu’un objectait que, dans le cas où un peuple ayant ses possessions au dehors, les venait brûler, il perdrait patience, et qu’un siège prolongé et son intérêt personnel lui feraient oublier celui de son prince ; je répondrais qu’un prince puissant et courageux surmontera toujours ces difficultés, tantôt en faisant espérer à ses sujets que le mal ne sera pas long ; tantôt en leur faisant craindre des cruautés de la part de l’ennemi ; tantôt enfin en s’assurant avec adresse de ceux de ses sujets qui lui paraîtraient trop audacieux dans leurs plaintes (2).

(1) Je ne rôde pas un an, sans rien faire, sous les murs d’autrui. R. C.

(2) Le meilleur moyen, l’unique même, est de les contenir tous également par une grande terreur ; opprimez-les, ils ne se révolteront pas, et n’oseront souffler. R. I.