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par la faveur du peuple, doit chercher à conserver son amitié ce qui lui est facile, parce que le peuple ne lui demande que de n’être pas opprimé. Mais celui qui est devenu prince par le moyen des grands, et contre le vœu du peuple, doit avant tout chercher à se le concilier : ce qui lui est aisé quand il le prend sous sa protection (1). Quand les hommes reçoivent du bien de celui de qui ils n’attendaient que du mal, ils ne s’en attachent que mieux à lui (2). Ainsi donc le peuple assujéti par un prince nouveau qui se rend son bienfaiteur, conçoit plus d’affection pour lui, que s’il l’eût porté lui-même, par bienveillance, à la souveraineté. Or le prince peut se concilier le peuple de plusieurs manières ; mais elles sont si nombreuses, et tiennent à tant de circonstances variables que je ne saurais donner une règle fixe et certaine à cet égard. Je me borne à conclure qu’il est nécessaire que le prince ait l’amitié du

(1) Je tâcherai de le lui faire croire, G.

(2) Cependant il me faut des contributions fortes et de nombreux conscrits. R. C.