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de l’Éditeur.

travail de ce genre, et sur une matière aussi grave, aussi sévère, l’aisance toujours accompagnée d’un peu de frivolité ne pouvoit saisir guère que les surfaces. Machiavel, sortant de la barbare anarchie du moyen âge, fut austère, dur, sauvage même quelquefois dans ses allures : lui donner les formes agiles d’un beau parleur de nos jours, c’étoit aussi trop inconvenablement le travestir.

Il l’est peut-être encore d’une autre manière dans le discours que Toussaint Guiraudet a mis en tête de sa volumineuse traduction, pour fixer à son gré l’opinion publique sur les écrits de cet auteur, et principalement sur l’intention dans laquelle il composa son Livre du Prince. Si ce discours ne contient pas à cet égard beaucoup de méprises notables, il renferme du moins un assez grand nombre de petites erreurs de fait ; et il repousse par quelques contradictions, comme par son affectation de républicanisme. Quoique ses erreurs de fait soient copiées de Voltaire, elles n’en sont pas moins des mensonges dont le but primitif ne fut pas innocent, et dont les conséquences ne sont point indifférentes : telles sont la supposition que