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Préface

faussé ; car chacun peut se convaincre aisément que le style d’Amelot a même beaucoup moins vieilli que celui de Corneille. Il est très intelligible ; et ce traducteur avoit en général bien saisi l’esprit du texte, et l’a rendu fidèlement en majeure partie. Amelot, qui avoit habité long-temps Venise, et qui d’ailleurs avoit fait une étude approfondie de la politique en cette ville-là même, où en étoit la plus fameuse école, pouvoit, mieux que beaucoup d’autres, entrer dans les profondeurs de Machiavel. Les plus graves défauts de sa traduction consistent dans l’omission de quelques phrases incidentes dont il avoit pu ne pas comprendre la nécessité, ou qui manquoient à l’édition sur laquelle il travailloit, et dans quelques additions interpétatives, qui font envisager les choses un peu trop comme ses idées particulières le portoient à les voir[1]. Mais ces défauts sont

  1. Un exemple du premier tort est au chap. 3, où Machiavel avoit dit : Subitò che un forestiere potente entra in uro provincia, tuttì quetu che sonon in essa meno potenti gli ademiscono, messi da una invidia che harino contro a chi è stato potente sopra di lore ; tant chè rispetta a questi minori patenti, egli non ha a durare fatiea alcuna a guada-gnarli, perchè subito tutti insieme volentieri fanno globo con lo stato,