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de l’Éditeur.

marche combinée des faits et des réflexions, des idées et des sentimens de Machiavel. On n’y reconnoît presque plus « le génie plein de feu, de pénétration et de vigueur », que le savant Juste-Lipse admiroit en ce grand homme[1].

La comparaison subséquente que le même juge a faite de ces deux traductions entre elles et avec le texte, l’a porté à décider encore que celle d’Amelot est restée sous ce rapport au-dessus de celle de notre contemporain Guiraudet, quoique celui-ci l’ait décriée, prétendant qu’elle « étoit inexacte, et avoit tellement vieilli, quant aux tournures et aux expressions, qu’elle auroit besoin d’être traduite à son tour[2]. » Accusation trop évidemment

  1. « Parmi tous ceux qui, dernièrement et hier même, on essayé de parler de politique, disoit-il, a la fin du 16e siècle, en commençant son traité sur la même matière, je n’en ai vu aucun qui pût m’attacher, encore moins me retenir dans mon entreprise ; et, à dire vrai, on peut leur appliquer ce mot de Cléobule : La plupart n’ont que de l’ignorance avec une grande abondance de paroles. Le seul que j’excepte est Machiavel, dont le génie est ferme, pénétrant et plein de feu. » Qui nuper aut heri id tentoruni, non me tenent, aut terrent, in quos, si verè loquendum est, Cleobuli Hlud conveniat : Inscitia inplerisque et vermonum multitudo ; nisi quod unius tamen Machiavelli ingenium non contemno, acre, subtile, igneum. (Doctr. civ. Praefat).
  2. Discours préliminaire sur Machiavel.