l’État de Milan lui fut enlevé. On a vu les raisons de la première perte qu’il en fit ; et il nous reste à connaître les raisons de la seconde, et à dire les moyens qu’il avait, et que peut avoir quiconque se trouverait dans le même cas, pour se maintenir dans sa conquête mieux qu’il ne le fit (1).
Je commencerai par établir une distinction : ou ces États qui, nouvellement acquis, sont réunis à un État occupé depuis long-temps. par celui qui les a obtenus, se trouvent être de la même province, avoir la même langue ; ou il n’en est pas ainsi. Quand ils sont de la première espèce, il est très-facile de les conserver, surtout lorsqu’ils ne sont point accoutumés à vivre libres, c’est-à-dire en république (2). Pour les posséder sûrement, il suffit d’avoir éteint la lignée du prince qui y régnait (3), parce que, dans le reste, en leur conservant leurs anciennes constitu-
(1) J’en sais plus que Machiavel à cet égard. R. C.
Ces moyens, ils n’ont pas l’air seulement de s’en douter. On leur en conseille de contraires : tant mieux. E.
(2) Quand même ils le seraient, je saurais bien les réduire. G.
(3) Je ne négligerai pas ceļa, partout où j’établirai mon régne. G.