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tés ; ni d’employer des moyens de rigueur pour les réprimer, attendu les obligations qu’ils t’ont fait contracter à leur égard (1). Quelque fort qu’un prince soit par ses armées, il a toujours eu besoin de la faveur d’une partie au moins des habitants de la province pour y entrer. Voilà pourquoi Louis XII, après avoir occupé Milan avec facilité, le perdit aussitôt (2) ; il ne fallut pour le lui le ravir, cette première fois, que les forces de Ludovic, parce que ceux des Milanais qui avaient ouvert leurs portes au roi, se voyant détrompés de leur confiance dans les faveurs de son gouvernement, et de l’espoir qu’ils en avaient conçu pour l’avenir (3), ne pouvaient déjà plus supporter le désagrément d’avoir un nouveau prince[1]. (1) Les coquins ! Ils me font sentir cruellement cette vérité. Si je ne parvenais pas à me débarrasser de leur tyrannie, ils me sacrifieraient. R. I. (2) Les Austro-Russes ne me l’auraient pas enlevé, si j’y fusse resté en 1798. R. C. (3) Je n’avais du moins pas trompé les espérances de ceux qui m’en avaient ouvert les portes en 1796. R. C.

  1. Tacite raconte que les Parthes reçurent Tiridate à bras ouverts, espérant d’être mieux traités par lui qu’ils ne l’étaient par Artaban ; et que, peu de temps aprés, ils haïrent Tiridate autant qu’ils l’avaient aimé, et rappelèrent Artaban : Qui Artabanum ob sævitiam execrati corne Tiridatis ingenium sperabant… ad Artabanum venere, etc. (Ann. 6).