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nue pire[1]. Cela provient de la nécessité où celui qui devient un prince nouveau, se trouve naturellement et ordinairement, d’offenser ses nouveaux sujets, soit avec des gens de guerre, soit avec une infinité d’autres procédés fâcheux, que l’acte de sa nouvelle acquisition entraîne après lui (1).

Par-là, tu te trouves avoir pour ennemis tous ceux que tu as offensés en occupant cette Principauté ; et tu ne peux te conserver pour amis ceux qui t’y ont placé, parce qu’il ne t’est pas possible de satisfaire leur ambition au point qu’ils s’en étaient flat-

(1) Peu m’importe : le succès justifie. R. C.

  1. Machiavel (Disc. Liv. 3, ch. 6), appelait sentence d’or, les paroles de ce sénateur romain, qui disait « qu’admirant le passé sans blâmer le présent, et bien qu’il souhaitât de bons princes, il supportait patiemment ceux qui n’étaient pas tels, attendu la nécessité de vivre selon les temps où l’on est » : Se meminisse temporum quibus natus sit : ulteriora mirari, præsentia sequi, bonos imperatores expectare, qualescumque tolerare. (Tacit. Hist., Liv. 4). Claudius répondit aux ambassadeurs des Parthes qui étaient venus lui demander un autre roi que le leur : « De tels changements ne valent rien ; il faut s’accommoder le mieux que l’on peut au caractère des rois que l’on a : Ferenda regum ingenia, neque usui crebras mutationes ». (Ann. 12).