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230 CLIZIA. NICOMAQUE. Ami, je ne sais où fuir, où me cacher, où dérober à tous les yeux la honte que je me suis attirée par ma faute. Je suis déshonoré pour l’éternité ; il n’y a plus de remède, et je n’oserai jamais reparaître devant ma femme, mon fils, mes parents et mes valets ; j’ai moi- méme cherché mon déshonneur, et ma femme m’a aidé à le trouver ; enfin, je suis un homme perdu. Et ce qui ajoute à mes chagrins, c’est que tu es pour moitié dans ce qui m’arrive, parce que chacun saura que tu y prêtais les mains. DAMON. Qu’est-il donc arrivé ? As—tu cassé quelque chose ? NICOMAQUE. Que veux—tu que j’aie cassé ? Me fussé—je cassé le cou ! DAMON. Que s’est-il passé ? Que ne parles—tu `? NICOMAQUE, pleurant. Uh ! uh ! uh ! J’en ressens une si vive douleur que je ne crois pas pouvoir te l’exprimer. DAMON. Allons donc, tu fais l’enfant ! Que diable cela peut—il être ? NICOMAQUE. Tu sais l’arrangement convenu ? Selon cet arrange- ment je suis entré dans la chambre, et aprés m’être dés- l habillé en silence, je me suis couché, sans lumière, à côté de la mariée, à la place de Pirro, qui s’était mis à dormir sur le lit de repos. DAMON. Fort bien. Qu’est-il ensuite arrivé ? NICOMAQUE. Uh ! uh ! uh ! Je me suis approché de Clizia, suivant la coutume des nouveaux mariés, et j’ai voulu lui mettre la main sur le sein ; mais elle me l’a prise avec l’une des siennes, et n’a pas voulu me lâcher. J’ai cherché à l’em- brasser, mais avec l’autre main elle m’a repoussé la