Je n’ai jamais ri de si bon cœur, et je crois que je ne rirai jamais autant. Ici nous n’avons fait autre chose que rire toute la nuit : Sofronia, Sostrata, Cléandre, Eustazio, chacun riait. On a passé le temps à compter les minutes, et nous disions : Maintenant Nicomaque entre dans la chambre ; maintenant il se déshabille ; maintenant il se couche auprès de la mariée ; maintenant il lui livre bataille ; maintenant il est vigoureusement repoussé. Pendant que nous plaisantions ainsi, Siro et Pirro sont entrés, et notre rire a redoublé ; mais ce qu’il y avait de plus beau à voir, c’était Pirro qui riait plus encore que Siro : aussi je ne crois pas qu’aucun de nous puisse éprouver cette année un plaisir plus vif et plus complet. Comme il est déjà grand jour, ces dames m’ont envoyée à la découverte pour voir ce que fait Nicomaque, et la manière dont il supporte son malheur. Mais le voici qui sort avec Damon. Je veux me tenir à l’écart pour les entendre, et trouver matière à rire de nouveau.
Qu’est-il arrivé cette nuit ? comment la chose s’est-elle passée ? Tu ne dis mot. Quel remue-ménage avez-vous donc fait, en vous habillant, en ouvrant les portes, en montant et en descendant du lit ? Vous n’êtes pas restés une minute en repos. Moi, qui étais couché au rez-de-chaussée au-dessous de vous, je n’ai pu fermer l’œil ; je me suis levé tout dépité ; et je te trouve sortant, la mine toute renversée. Tu ne parles pas, tu sembles mort ; que diable as-tu ?