Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
[vers 7312]
LE LIVRE

« Nient plus deſſus ſon chief n’avoit.
« Et le coſté fendu avoit,
« Si qu’on véoit apertement
« Son cuer, ſans nul empeſchement.
« Et ſi l’enſeingnoit de ſon doy,
« Où il avoit, dire le doy,
« En eſcript : De près & de loing.
« Bien le ſay pour ce le teſmoing.
« Une cote avoit ceſte ymage,
« Plus vert que fueille de boſcage,
« À lettre d’or fin entaillie,
« Qui diſoit : À mort & à vie.
« Et ſi n’avoit ſoler ne chauſſe,
« Ainſois eſtoit toute deſchauſſe.
« Or vous dirai-je ſans attendre,
« S’un petit me volez entendre,
« Ce que l’image ſignefie :[1]

« Li chapiaus dit qu’à chiere lie
« Doit chaſcuns toudis ſon amy
« Aidier contre ſon anemy,
« Et en tous cas qu’il a à faire :
« Et doit eſtre parez dou faire.[2]
« Et ſi n’eſt ſi biau parement
« Com de loyauté vraiement :
« Et li chapiaus monſtre léeſce,
« Qui en cuer eſt moult grant richeſce.

  1. Dans la miniature du mſc. 1584, l’Amour indique de ſon doigt la place du cœur. Sa tunique eſt verdâtre ; les trois bandes poſées, l’une ſur la tête, l’autre ſur le cœur, la troiſième ſur la frange inférieure de la robe, portent les mots : Hyems & eſtas — Longè & propè — Mors & vita. Quoi que notre poëte en diſe, ce n’eſt pas ainſi que les anciens figuroient l’Amour.
  2. Parez, prêt, préparé.