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DU VOIR-DIT.

Mon ſecretaire envoiay querre,
Qui eſtoit en eſtrange terre,
À .iii. journées loing de my.
Si n’arreſta jour ne demy
Juſqu’atant qu’à moy fuſt venus ;
Car il deſiroit plus que nuls
À ſavoir que je li vouloie,
Qui en tel haſte le mandoie.
Ce fu droit ou mois de novembre
.xxviii. jours, bien m’en remembre ;
Et ſi vous ay bien en convent
C’onques ne vi faire tel vent :
Car les tieules par l’air voloient,
Ou les cheminées chéoient,
Et ſi chéi pluſeurs maiſons.
Onques tel vent ne vy mais homs.
On n’oſoit aler ne venir,
N’on ne ſe povoit ſouſtenir ;
Car ſi horriblement venta
Que li vens maintes fois jetta
Pluſeurs gens plus loing, par ſaint Pierre,
De .c. pas ou d’un get de pierre.
Lui venu, je li deſcouvri
Tout mon affaire, & li ouvry
Ces lettres, ſi les priſt à lire.
En la fin me préiſt à dire :
« Vraiement, ves-ci un eſcript
« Qui eſt mout doucement eſcript,
« Et de cuer d’amours anobly ;
« Qui pas ne vous met en oubly.
« Or reſgardons que nous ferons. »
Je reſpondi : « Nous monterons ;
« Car aler vers elle me faut,