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LE LIVRE

velles qui bien vous plairont. Car onques tous ceus & celles que vous m’avez eſcript[1] ne mirent ſi grant peine come je y penſe à mettre. Et, par Dieu, c’eſt le plus grant deſir que j’aie en ce monde. Mon tres-dous cuer, ſe je vous eſcri briefment, je vous prie qu’il ne vous vueille deſplaire ; car ſe vous ſaviez bien où je ſuis & les gens ou j’ay à faire, vous me tenriez bien pour excuſée. Mon tres-dous cuer, je prie à Dieu qu’il vous doint honneur & joie de quanque voſtre cuer aime. Et, mon tres-dous cuer, je vous envoie .i. rondel & une balade que j’ay faicte pour l’amour de vous, & .i. anel que vous porterez pour l’amour de moy s’il vous plaiſt, & je vous en pry. Eſcript le .ve. jour de novembre.

Voſtre loial amie.


Longuement pas ne demoura
Que ma dame ſon demour a
Mué en un autre manoir,
Pour ſon esbatement avoir,[2]
Ou cuer d’une tres-bonne ville.
Et ſi vous jur par l’Evangille
Qu’elle m’eſcript qu’elle y aloit,
Pour ce que véoir me vouloit
Plus ſouvent & mieus à ſon gré.
Si le receus en moult bon gré,
Qu’elle mandoit que j’y alaſſe,
Et mon ſecretaire menaſſe
Priveément, à po de gent,
Pour véoir ſon corps bel & gent.
Et que pas n’éuſſe doubtance ;

  1. C’eſt-à-dire Pirame, Léandon, la Chaſtelaine de Vergy, &c.
  2. Mſc. 1584 :

    Plus long que ne ſoloit manoir.