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DU VOIR-DIT.

M’a doucement de bien amer eſpris.
Pris a en moy une amoureuſe prinſe,
.x. & vii. v. xiii. xiiii. & xv.
Pour ſa bonté que chaſcun loe & prinſe
Et ſa biauté qui ſeur toutes ont pris,
.x. & vii. v. xiii. xiiii. & xv,
M’a doucement de bien amer eſpris.

Ainſi envoiay à ma dame,
Que Dieus gart en corps & en ame !
Et brieſment la reſponfe orrez
Si la lirez quant vous vorrez.

LA DAME.

XXXVI. — Mon tres-dous cuer & mon loial amy, j’ay eu ce que vous m’avez envoié par voſtre vallet, & ne doubtez ; car je garderay bien voſtre livre. Mon dous cuer, vous m’eſcrivez que vous ne me povez veoir juſques à longue piece, ne venir là où je ſuis ; & auſſi ne vouldroie-je mie que vous y veniſſiez. Et de ce vous souffrez moult de peine, & j’en ſuis certeinne ; & le ſay bien par moy-meiſmes, car je ne m’ay à qui complaindre, né que vous avez ; & c’eſt une choſe qui trop nous fait de mal. Et auſſi vous m’eſcriſiez que par mon gré vous puiſſiez complaindre de voz doleurs à vous tout ſeul ; ſachiez qu’il me plaiſt bien, mais que vous aiez en vous reconfort & bonne esperance ; & penſer que tout autel ſent-je come vous faites, ne jour de ma vie je ne vous oblieray. Vous m’eſcriſiez auſſi qu’il vous grieve trop de ce que Raiſons vous dit que Dangier[1]

    deviner moins facilement le nom à ceux auxquels ce petit tour de force ſeroit montré, a omis de redoubler les deux lettres dont il avoit beſoin. C’eſt une précaution qu’il abandonnera dans les derniers vers du poëme.

  1. Réſiſtance.