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LE LIVRE

Qui ſcéuſt rien amender en voſtre eſtre :
Pour ce, ſuis ci voſtres, par ſaint Seveſtre,
Qu’avec les bués me povez faire paiſtre,
À voſtre guiſe,

Si que, dame que chaſcun loe & priſe,
Que j’aim & ſers loyaument ſanz ſaintiſe,
D’un cuer vous pri, qu’Amours art & atiſe,
Qu’en gré pregniez mon tres-petit ſerviſe.
Et ſe j’ay fait riens que vo cuer deſpriſe,
Vueilliez-le moy pardonner par franchiſe ;
Et je vous jur & promet par l’Egliſe,
Qu’ainſois courroit parmy Damas Tamiſe,
Que ma penſée ailleurs qu’à vous ſoit miſe.

Mais encor ne me puis-je taire :
Ainſois vous vueil dire & retraire
De Julius Ceſar la fin.
Li Dieu furent de lui affin[1]
Si fort qu’une eſtoile en féirent,
Et en firmament l’aſſéirent,
Aſſez près de la Treſmontaine,
Qui eſt une eſtoile haultaine
Qui par nuit le monde enlumine
De ſa clarté qu’eſt pure & fine.
À li repprennent leur avis
Li maronier, ce m’eſt avis.
Quier en l’iſtoire des Romains,
Là le verras, ne plus ne mains.
Li Dieu de vous auſſi feront
Une eſtoile, & vous metteront
En firmament, dalès l’eſtoile
Qui a fait retourner maint voile ;
Si qu’à vous bon avis penra
Qui à bon port venir vorra.
Et, tout ainſi com le biau monde,

  1. Affin, unis de parenté.