Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
[vers 5114]
LE LIVRE

« Se tu fais ce que je t’enſeingne,
« Tu porteras d’onneur l’enſeingne,
« Et bons amis ſeras ſans faille
« De Mars, qui eſt dieu de bataille.

« Et ſe trop largement parole
« Mon ſonge, eſcuſe ma parole. [App. LIX.]
« Mais cils petitement beſongne
« Qui riens ne fait de ſa beſongne.
« Et pour ce que j’y ſuis tenus
« Diray pour coy j’y ſuis venus.

« Rois, je m’en vieng à toy complaindre
« Des maus d’amour que me font taindre,
« Et de Deſir qui maint aſſaut
« Me fait, & maint tour & maint ſaut,
« Si te diray tout mon affaire
« Et auſſi quanque j’ay à faire :
« J’aim une dame par amours
« Sur toutes ; or eſt mes demours
« Loing d’elle, dont petit la voy,
« Et po ſouvent vers li envoy.
« N’il n’eſt perſonne qui li die
« Mon amoureuſe maladie,
« Ne qui à li me ramentoive,
« Pour mal que pour elle reçoive.
« Ne je n’oſe vers elle aller,
« Car riens ne vaurroit mon aler ;
« Pour ce que je ne congnois ame
« Où elle demeure, par m’ame ;
« N’elle ne doit vers moy venir,
« Ne ce ne porroit advenir,
« Qu’Argus o ſes .c. yeus la garde.