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LE LIVRE

Mais nonpourquant le partement
De nous m’anuioit durement ;
Car tous mes cuers li demouroit
Qui la ſervoit & aouroit.
Si fis ce rondel en chemin,
Et li tramis en parchemin :

RONDEL.

Sans cuer, dolens, de vous departiray,
Et ſans avoir joie juſqu’au retour ;
Puis que mon cuer du voſtre à partir ay,[1]
Sans cuer, dolens, de vous departiray.
Mais je ne ſay de quele part iray,
Pour ce que, plains de dolour & de plour,
Sans cuer, dolens, de vous departiray,
Et ſans avoir joie juſqu’au retour.

LA DAME.
RONDEL.

Sans cuer de moy pas ne vous partirez,
Ainſois arés le cuer de voſtre amie,
Quant en vous iert par tout où vous ſerez ;[2]
Sans cuer de moy pas ne vous partirez.
Certaine ſuis que bien le garderez
Et li voſtres me fera compagnie.
Sans cuer de moy pas ne vous partirez,
Ainſois arés le cuer de voſtre amie.

Là, fait .ix. jours ma demeure ay ;[3][App. XXVIII.]

  1. J’ai mon cœur à ſéparer du vôtre.
  2. Quand ce cœur ſera partout où vous ſerez.
  3. J’ai accompli ma neuvaine.