Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, II.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

REMEDE DE FORTUNE 9

Qui n'estoit diverse ne foie,

Estrange ne mal ordenée, 220 Hauteinne, mais bien affrenée,

Cueillie a point et de saison,

Fondée seur toute raison,

Tant plaisant et douce a o'ir, 224 Que chascun faisoit resjoïr,

Me metoit un frein en la bouche

Pour moy taire de ce qui touche

A tout ce qu'on claimme mesdire. 228 Mais laisse avoit pour le bien dire,

Car nuls ne doit dire d'autrui

Ce qu'il ne vuet oïr de lui.

Le trop parler me deffendoit; 232 Parler a point me commandoit,

Sans baudour et sans venterie,

Sans mentir et sans flaterie;

Car c'est chose moult honnourable 236 D'estre en son parler véritable,

Et vérité ne quiert nuls angles,

N'elle n'a que faire de jangles.

S'onneur et sa grant courtoisie 240 Me deffendoient villonnie

Et voloient que j'honnourasse

Chascun, et que po me prisasse;

Car cils a l'onneur qui la fait, 244 Nom pas cils a qui on la fait.

Et se l'Evangile n'est fausse,

Humiliez est qui s'essausse,

220 C affremee; E affermée; J aferuee — 221 E de raison — 224 M chascuns — 226 KJ taire a tout ce qui t. — 228 E laissie ; KJ M. laissier {K lessiez) le et le b. d.; C auoir — 23o B qui; K li — 23 1 A me commandoit — 235 J C. est— 236 son manque dans C — 237 M veritez — 243 CE le — 244 M cui; EK le — 246 FM iert.

�� �