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LE DIT DE L ALERION LXIX

en devient meilleure, et on n'y trouve pas plus le pré- tendu droit que l'aigle s'arroge de saisir la proie prise par un autre ou bien l'oiseau chasseur lui-même. Faut- il croire que, faute de sources écrites, Machaut doive ces traits à des traditions orales ?

Enfin, Machaut rapporte quelques « exemples ». C'est d'abord l'histoire d'un roi de France qui punit comme coupable de lèse-majesté son oiseau, lequel a osé s'attaquer à un aigle. Machaut dit l'avoir entendu « conter » (v. 3399) : selon toute apparence, en effet, il la tient d'une source orale '.

C'est aussi sans doute dans une tradition orale, à moins que ce ne soit dans un recueil de contes que nous n'avons pu identifier, qu'il a dû prendre (v. 2091 et suiv.) l'anecdote de Guillaume Longue-Épée et du cheval de saint Louis 2 .

Le nombre des « exemples » est bien plus restreint dans le Dit de VAlerion et ils y sont introduits avec moins d'art que dans le Roy de Navarre : c'est une rai- son de plus pour croire à la priorité de VAlerion. Nous devons admettre que c'est dans ce poème que Machaut

1. Il y a bien quelque chose d'analogue chez Alex. Neckam [De naturis rerum, 1, 24), mais les détails diffèrent. D'autre part, le De natiira rerum, et avec lui Vincent de Beauvais, racontent l'histoire, mais si brièvement qu'on ne saurait voir là la source de Guillaume.

2. Le récit de Machaut offre quelques vagues ressemblances avec la Chronique de Mathieu de Paris à qui nous devons les renseignements les plus explicites sur l'expédition de Guillaume I.ongue-Épée (éd. Luard, V, p. i3o ss.). Mais d'un autre côté, son « exemple » contient des erreurs assez graves, et surtout, si vraiment il avait utilisé une chronique, aurait-il passé sous si- lence la mort glorieuse de son héros à la Mansourah que relatent la plupart des historiens contemporains et qui fut l'objet de plu- sieurs poèmes? (Voyez Jean de Garlande, dans VHist. litt. de la France, XXIII, p. 429-433, et le poème anonyme publié par Jubi- nal, Nouv. Recueil, II, 33o,; cf. Fr. Michel, Mémoires de Jean, sire de Joinville (i856), p. 327).

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