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LXII INTRODUCTION

noms plus récents, à des récits de voyageurs et de pè- lerins (Sardinay, le Champ flori, etc.).

Enfin, il faut mentionner encore, à titre d'emprunts littéraires, certaines réminiscences des bestiaires ' (39-44; 380-92). Guillaume dit, par exemple, que la calendre, selon qu'elle regarde un malade ou se dé- tourne de lui, prédit sa guérison ou sa mort. Tous les bestiaires le disent aussi. Mais Guillaume compare sa dame à la calendre : qu'elle daigne le regarder, il sera guéri. Avant lui déjà, Richard de Fournival, en son Bestiaire d'Amour, avait donné des interprétations ana- logues des récits merveilleux des bestiaires : il est pro- bable que Machaut a connu, directement ou indirecte- ment, cette œuvre, si goûtée au moyen âge 2 .

Une autre liste d'animaux plus étranges encore (v. 383 ss.) semble indiquer que G. de Machaut a uti- lisé des livres tels que le De proprietatibus rerum de Barthélémy l'Anglais et le De natura rerum de Tho- mas de Cantimpré 3 .

Comme le fait voir cette brève énumération des em- prunts étrangers dans le Dit dou Lyon, ce poème se distingue des œuvres antérieures tant par le nombre

1. Voy. t. I er , p. lxxxiii ss.

2. Quand on sait combien Machaut soignait la composition de ses œuvres, on est frappé de trouver à deux reprises dans le même poème le thème de la puissance miraculeuse du regard de la dame (calendre et lion, v. 44 ss. et 607 ss.). Il y a là cer- tainement une intention de la part de l'auteur, et nous suppo- sons que la première mention, par l'allégorie de la calendre, de- vait servir de preuve anticipée, d' exemple », à l'appui de l'exac- titude de l'épisode principal.

3. Ces livres étaient aussi répandus l'un que l'autre (Delisle, Hist. litt. de la France, t. XXX, p. 353, 363, 38o). Si toutefois nous tenons compte des « exemples » du Jugement don Roy de Navarre, nous constatons que certains détails, donnés dans ce poème, ne paraissent que chez Thomas, et non chez Barthé- lémy. C'est donc le premier qui paraît avoir été la source de notre poète. (Voy. aussi plus loin p. lxviii n. 2).

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