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LE DIT DOU LYON LVII

en outre que le Dit dou Lyon et le Dit doit Vergier ne sont pas, comme l'a cru Tarbé ' et comme le croit encore M. Chichmaref, les plus anciennes compositions de longue haleine de Machaut : d'autres ont précédé, et notamment l'important Remède de Fortune.

Par son sujet, le Dit don Lyon se rattache d'assez près au Remède de Fortune, qui le précède immédiate- ment. Ici et là, l'intention du poète est surtout didacti- que. Elle se marque avant tout dans le discours du che- valier et dans celui de la dame, qui expliquent l'un les merveilles du verger, l'autre le rôle du lion. C'est sans doute à ces deux discours et aux « enseignements » qui s'y trouvent que le poète a le plus tenu.

Le discours du chevalier est le plus intéressant des deux et le morceau le plus original du poème. C'est une véritable « scène des portraits » : il nous offre une galerie des divers types d'amants, peints avec réalisme : amants parjures, amants timides et peureux, faux amants, petits-maîtres mignons et coquets et preux che- valiers, enfin — c'est l'un des tableaux les plus curieux — les vilains et leurs amours rustiques. De même, dif- férents types d'amantes.

Quant aux explications, bien moins intéressantes, de la dame, elles se réduisent à enseigner comment l'amant favorisé doit opposer à Envie sa patience et son mépris.

Ces deux discours, Machaut les a sans doute tirés de

��chronologique, mais avant le Dit doit lyon, immédiatement après le Jugement dou roy de Behaigne. Pour expliquer cette transpo- sition, M. Chichmaref [ouvr. cité, I, p. xl) suppose qu'on aura voulu rapprocher le Dit don lyon du Dit de l'Alerion, « à cause de l'analogie des titres ». Nous croyons plus plausible l'explica- tion que nous avons proposée (t. I, p. lxvi) : ce sont les deux'Jw- gements que l'on a voulu rapprocher, à cause de l'identité des sujets.

i. Tarbé, loc. cit., p. xi.

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