Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, II.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIV INTRODUCTION

dernier reste d'une chanson à danser. Il est intéressant de voir le refrain, à l'époque de Machaut, remplir encore son ancien office de chanson accompagnant la danse, et de trouver vivante, au xiv e siècle, la tradition littéraire du siècle précédent d'intercaler les refrains dans une pièce narrative. Remarquons cependant que, d'après Machaut, il n'est plus question d'un chant alternant entre un soliste et un chœur.

Comme on le voit, non seulement Machaut nous donne de chaque genre lyrique un spécimen typique, mais encore il en arrange savamment la succession, allant du genre le plus compliqué, le lay, jusqu'à la forme la plus simple, le rondeau. Cela confirme notre supposition qu'en donnant ainsi un tableau succinct et presque complet de la poésie lyrique de son époque, notre poète entendait bien faire œuvre de législateur en matière poétique et musicale, et voilà précisément ce qui donne leur importance aux pièces lyriques du Remède de Fortune.

��II. — LE DIT DOU LYON.

C'est en 1342, et très précisément le 2 et le 3 avril, qu'arriva à Guillaume de Machaut la surprenante aven- ture racontée dans son Dit dou Lyon. Il désirait depuis longtemps pénétrer en un certain verger, dont une rivière rapide, sans pont ni gué, défendait l'accès. Réveillé par les oiseaux qui chantaient la venue du printemps, il va vers la rivière, cherche longuement, trouve enfin à la rive une barque sans voile ni rame. Sans hésiter il y monte, et la barque le porte d'elle- même au verger. Il y pénètre joyeux. Mais bientôt, pris d'un « amoureux pensement », il s'égare dans un fourré de ronces et d'épines, et voici qu'un lion horrible s'élance contre lui. Se croyant perdu, Guillaume envoie

�� �