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LII INTRODUCTION

C'est aussi, à notre avis, la raison pourquoi il exige si impérieusement pour sa chanson baladée le nombre de trois strophes ' qui est en effet la règle dans les virelais plus anciens. Les seules différences entre la ballade et le virelai sont celles-ci : Le refrain de la ballade, réduit à un ou deux vers, ne paraît plus qu'à la fin de chaque stro- phe et n'exerce plus d'influence sur la forme de la stro- phe proprement dite; dans le virelai, il forme lui-même un couplet de plusieurs vers, précède le poème tout entier et détermine en rimes et en mètres la « queue » de chaque couplet \ La ballade, tendant à l'isométrie, a une allure plus solennelle; le virelai, par contre, reste plus vif, plus alerte, plus varié en ses mètres. Il a évi- demment subi à un moindre degré l'influence de la poésie courtoise que la ballade et mieux conservé son caractère primitif de chanson à danser. Malgré son autorité, Machaut n'a pas réussi à imposer la désigna- tion de chanson baladée. Ce terme ne pouvait avoir de raison d'être que tant que le virelai était composé de trois strophes. La réduction à un ou deux couplets, que nous trouvons déjà chez Froissart \ détruisit sa ressemblance avec la ballade qui seule justifiait le terme proposé par notre poète. Le xv e siècle, comme on sait, ne connaît plus pour ce genre lyrique d'autres noms que bergerette et carole.

i. Voy. Voir Dit p. 344 et Jugem. doit Roy de Nav. v. 4184-87 (où il ne peut s'agir que d'une chanson baladée). Comp. aussi Deschamps [Art de dictier VII p. 281) qui est l'écho hdèle des théories de Machaut, contre lesquelles il pèche d'ailleurs sou- vent lui-même. , .

2 .Voy., sur la relation entrelace queue » et le refrain, la théorie de M. Stengel [Zeitschr.f. fran^. Sprache itnd Literatur, XVIII, p. 85 ss.) que nous n'acceptons pas dans toute son^ étendue, mais qui contient certainement des vues justes confirmées par les

faits. 3. Voy. un cas significatif chez Froissart, Espinette amour.

v. 2452 ss. et Prison amoureuse v. 383o ss.

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