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REMEDE DE FORTUNE XLV

et ne serait-ce pas plutôt l'œuvre du copiste ou de l'enlumineur? Ce qui mérite d'attirer l'attention, c'est le fait que, de tous les genres lyriques représentés dans le Remède de Fortune, la ballade seule est représentée par deux exemples. On pressent que le poète va nous donner deux espèces de ballades différentes, désignées chacune par une dénomination particulière. L'étude de la forme va confirmer cette supposition.

Le poème, au premier coup d'ceil, semble bien repré- senter le type normal de la ballade du xiv e siècle : trois strophes à rimes pareilles, terminées chacune par le même refrain. Mais la forme de la strophe même s'écarte assez sensiblement de la règle générale. On sait que la forme strophique de la ballade repose sur le principe de la tripartition, étant composée de deux cou- plets égaux de deux vers, rarement de trois, et d'une queue terminée par le refrain. Or, dans la strophe de notre baladelle, ce principe de la tripartition est violé ; en réalité la strophe est divisée en quatre parties, car la queue elle-même est formée de deux couplets égaux entre eux et elle répète avec une légère différence la pre- mière moitié de la strophe. Nous avons donc la forme suivante :

2i' 7 a' :i b 7 , d' 7 a' :i b 7 b 7 b? 1 a' 7 b 7 b ? ,A.' 7 ,

c'est-à-dire la forme bien connue de la strophe des Vers de la Mort 1 , ramenée au type de la ballade uni- quement par ce fait que le dernier vers forme refrain. C'est une forme assez rare au xiv* siècle 2 et qui s'écarte

��i. Avec cette difiérence que là tous les vers ont le même nom- bre de syllabes.

2. Elle ne paraît plus qu'une ("ois encore dans les œuvres de Machaut, dans la ballade 177 (= ballade 3i des pièces mises en musique), éd. Chichmarcf, I p. 160. C'est de plus l'une des sept formes de ballade qui figurent dans le Livre des cent bal-

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