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REMEDE DE FORTUNE XL1II

rent plus tard la construction de la strophe ne fussent nettement et définitivement fixées. C'est probablement Machaut lui-même qui les a établies dans ses poèmes postérieurs, telles qu'elles furent ensuite acceptées de ses imitateurs et disciples ; mais, au temps de ses débuts, ces règles fixes et absolues n'existaient guère encore et n'étaient qu'en voie de formation.

Un dernier point enfin concerne Y Envoi. La chanson s'adressant à Amour, c'est en effet le mot Amours qui est placé en tête de l'envoi. CependantMachaut n'ignore pas la règle formulée plus tard par Deschamps, qui veut que « les envois d'icelles chansons... se commencent par Princes » ', car dans cinq cas sur sept, c'est bien le mot Princes [Princes d'amour) qui ouvre l'envoi. Mais Deschamps lui-même, dans ses Chansons royales, nous fait voir que le poète n'était pas absolument tenu à n'employer que cette seule formule sacramentelle.

Composé de trois vers seulement, l'envoi de notre chant royal se distingue delà forme normale par cette brièveté même. Cependant ce n'est pas là un cas unique : dans une autre chanson royale de Machaut * l'envoi, si l'on en décompte le refrain, se réduit à deux vers, et un chant royal de Froissart' 1 ne se compose également que de trois vers; les nombreuses chansons royales de Deschamps par contre ont toujours pour le moins quatre vers. Ce fait n'a donc rien qui doive nous surprendre. On constatera simplement que notre poète, pour l'étendue qu'il veut donner à l'envoi, jouit d'une liberté plus grande que ne l'accorde l'époque postérieure qui — en théorie au moins — tend, ici comme ailleurs, vers une réglementation rigide et sévère, sans toutefois s'y soumettre toujours en pra-

��i. Art de dictier, loc. cit.

2. N° CCLIV dans l'édition de M. Chichmaref (I, 224).

3. N° III dans l'édition de Scheler (II, 35g).

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