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XLII INTRODUCTION

celui-ci dans l'un et l'autre genre est évidemment due à l'influence de la ballade '. Une autre différence apparaît dans le choix des vers employés par Guil- laume. La solennité de ce genre lyrique exigeait l'emploi des vers décasyllabiques, auxquels on mêlait parfois un vers isolé de sept syllabes, ou bien on em- ployait les vers octosyllabiques. Mais jamais on ne ren- contre ailleurs la combinaisons de vers qu'offre le chant royal qui nous occupe : une première partie, normale- ment composée de quatre vers décasyllabiques, une queue de quatre vers de sept syllabes, et, pour finir, un vers de cinq syllabes. Cette forme est unique : on ne la trouve ni chez Deschamps, ni chez Froissart, ni dans les autres chansons royales de Machaut. Partout ailleurs nous avons le vers de dix ou, plus rarement, de huit syllabes. Cette divergence frappante s'explique sans doute par ce fait que, dans le Remède de Fortune, Machaut nous donne vraisemblablement le plus ancien de ses chants royaux, avant que les lois qui régi-

��i. Ce changement a dû se produire assez tard, sans doute pas avant la seconde moitié du xiv e siècle. C'est peut-être à Machaut lui-même que remonte cette modification de l'ancien chant royal; car l'une au moins de ses chansons royales est déjà munie d'un refrain, précisément la dernière dans la série de ces pièces lyri- ques. Il faut en conclure que ce n'est que très tard que Machaut adopta cette forme nouvelle, la seule que Deschamps connaisse encore. Cependant il faut relever que, dans le Dit de la Panthère d'amour de Nicole de Margival, antérieur aux poésies de Machaut, on trouve déjà une pièce lyrique appelée chanson, qui se compose de cinq strophes à refrain. Est-ce déjà le Chant voyait La pièce ne porte pas ce nom, et surtout elle ne possède pas l'envoi, partie indispensable de ce genre poétique. C'est donc, plutôt qu'un chant royal, un développement plus étendu de la ballade. En cela, elle n'est pas identique au chant royal qui, à l'origine, contrairement à l'opinion généralement reçue, n'a rien de commun avec la ballade et n'a été rapproché de celle-ci que plus tard, de même que la ballade, en adoptant l'envoi, s'assimi- lera de son côté au chant royal.

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