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XL INTRODUCTION

plus simples et ne présentant guère de difficulté, l'effort du poète doit nécessairement porter sur les rimes. C'est bien cela que Guillaume veut nous faire entendre, en annonçant ici même que dans la pièce qui va suivre

// averoit rime mainte (v. 902).

En effet, on verra plus tard, par la Complainte insé- rée dans la Fontaine amoureuse, que la loi du genre était d'éviter toute « redite » dans le cours du poème, c'est-à-dire la répétition d'un même mot à la rime et, en général, la reprise d'une rime, une fois qu'elle a servi. Ce haut degré de perfection n'est pas encore atteint ici. Deux strophes successives (str. i5 et 16) ont exacte- ment les mêmes rimes (en -euse et -ê). Mais cela est voulu. L'auteur donne ici une série d'épithètes analo- gues qui servent à caractériser l'inconstance et les con- tradictions de Fortune. Un seul couplet n'y suffisant pas, il continue son énumération dans la strophe sui- vante. Celle-ci offre donc le même contenu et le même mouvement que la strophe précédente, et ceci, Guil- laume le rend manifeste par l'identité des rimes dans l'un et l'autre couplet. Mais la même rime en -é repa- raît encore une fois plus tard, dans la 24 e strophe, et ici nous ne voyons aucune explication pour cette répétition ; elle ne peut être qu'une négligence ou une inadvertance de la part du poète, à moins qu'à ce moment il ne se fût pas encore fait la loi sévère qu'il suivra plus tard. Mais que, dès ce moment déjà, Guillaume ait recherché la diversité des rimes dans sa complainte, cela ressort et de ses propres paroles et du poème lui-même, où la loi en question ne souffre en réalité qu'une seule exception '.

��1. An et en rimant généralement l'un avec l'autre dans la langue deMachaut, on pourrait admettre encore l'identité de an

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