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REMEDE DE FORTUNE XXXIX

de 36 strophes à 16 vers, disposés dans l'ordre sui- vant :

a 8 a s a 8 b 1 a 8 a 8 a 8 b 1 b ij b 8 b 8 a 4 b 1J b 8 b 8 a4 ' .

Les strophes étant toutes pareilles, l'accompagne- ment musical de la première reprend avec chacune des suivantes. A défaut d'Eustache Deschamps qui, dans V Art de dictier, ne nomme même pas ce genre lyrique 1 , Machaut lui-même nous fournit quelques renseigne- ments là-dessus. D'abord nul doute qu'il n'ait rangé la complainte parmi les genres lyriques. Dans le Pro- logue, il la cite avec les rondeaux, les virelais et les ballades, c'est-à-dire avec les autres genres de poésie lyrique \ et dans tous les manuscrits les autres com- plaintes de notre poète figurent au milieu des ballades et des rondeaux, dans la partie réservée exclusivement aux pièces lyriques 4 . La forme de la strophe étant des

i. Dans l'étude de Naetebus (Die nicht-lyrischen Strophenfor- men des Altfran^ôsischen, 1891), cette forme n'est pas mentionnée. Serait-elle de l'invention de Machaut ? C'est bien possible. On reconnaît aisément comment elle fut constituée : elle est en quelque sorte le résultat d'une contamination de la forme stro- phique, si répandue au moyen âge, des Vers de la Mort avec la forme non moins usitée, que nous avons déjà rencontrée dans le Jugement dou Roy de Behaingyie. Guillaume l'emploie assez volontiers. On la trouve, avec des vers tantôt de huit, tantôt de dix syllabes, dans une autre Complainte lyrique, dans le Dit de la Marguerite, dans la Complainte et le Confort de la Fontaine amoureuse, dans une pièce de trois strophes qui figure à la suite des Ballades composées, et dans une Prière du Voir Dit.

2. Deschamps lui-même, d'après l'unique Complainte que nous avons de lui [Œuvres compl., VII, p. 146, N° i357), ne paraît pas avoir eu une notion très claire de ce genre lyrique qu'il n'a guère cultivé lui-même.

3. Tome I er , p. 6, N° V, 16.

4. On trouve même là, à côté des complaintes lyriques à forme strophique, d'autres pièces de ce genre écrites dans la forme habituelle des dits, à rimes plates, et qui ne devaient pas être susceptibles de recevoir un accompagnement musical, qui, par conséquent, dans la forme au moins, n'ont rien de lyrique.

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