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REMEDE DE FORTUNE XXXV

et des compositions musicales '. Cet usage d'intercaler des chansons dans un poème narratif est alors déjà ancien; on sait qu'il apparaît pour la première fois aux environs de 1200, dans le roman anonyme de Guillaume de Dôle, et bon nombre de poèmes des xm e et xiv e siècles, antérieurs à Machaut, avaient usé de ce même procédé. Mais aucun poète, que je sache, n'a agi en cela aussi méthodiquement que Guillaume dans le Remède de Fortune. Car Machaut a soin, non seule- ment de faire entrer dans cet ouvrage les principaux genres lyriques de l'époque, mais encore d'y représen- ter chacun de ces genres en un seul exemplaire. C'est-à- dire qu'il nous donne ici un tableau complet des prin- cipales formes lyriques qui étaient en usage dans la première moitié du xiv e siècle. Ceci est évidemment voulu et prémédité. Le but que poursuivait l'auteur me paraît avoir été plutôt didactique qu'artistique. Cette tendance didactique s'étend jusqu'à la forme du poème. Le poète-compositeur, bien entendu, veut mettre en lumière son talent et son savoir-faire; mais en maints endroits on voit nettement poindre le souci de faire œuvre de législateur en matière poétique. Doctorale- ment, Machaut nous apprend, par exemple au vers 43o, que le poème qui va suivre est

Un dit qu'on claimme « lai ».

Plus tard (v. 901) il annonce

Un dit qu'on appelle « complainte ».

Mais c'est surtout à propos du virelai que ce fait

��1. Pour la musique qui n'est pas de notre compétence, nous renvoyons à l'étude de notre collaborateur, M. Ludwig, ici-mème, p. 405.

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