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XXXII INTRODUCTION

elle réellement antérieure au Remède de Fortune ? Nous ne saurions le dire. Mais, cela fût-il prouvé, elle n'au- rait guère pu servir d'intermédiaire entre Machaut et Boèce, car cette version est en général très libre ; Guil- laume par contre, comme on l'a vu, suivait de près le texte même de la Consolation. De plus, d'après M. Ber- toni ', « il est hors de doute que Renaut a largement puisé dans la version III ». Nous devrions donc, si Guillaume avait utilisé le travail de Renaut, trouver aussi des traces de la traduction plus ancienne dans son poème. Or, ce n'est pas le cas. Il n'est par consé- quent guère probable que Machaut ait déjà connu cette traduction à peu près contemporaine de la paraphrase qu'il fit lui-même de l'œuvre latine. Nous sommes donc amenés à. cette conclusion que notre poète, dans son Remède de Fortune, est directement remonté à l'ori- ginal latin et nous en a donné une version neuve et personnelle qui mérite bien une place dans la liste des adaptations françaises du traité de Boèce.

A côté de cet ouvrage, il faut encore nommer une autre source à laquelle Guillaume a emprunté un court passage de son poème : la Bible. C'est le livre de Daniel (ch. ii, v. 3 i-35) qui a fourni à Machaut le songe de « Na- bugodonosor » (v.1001-1016). On peut dire sans exagé- ration que le poète a rendu, avec une aisance et une facilité remarquable, presque mot à mot le récit tel qu'il le trouvait dans l'Ecriture Sainte. Ce qui par contre lui

��ver; mais j'espère un jour traiter la question des rapports de Machaut avec les traductions françaises de la Consolation avec plus de détails, sans qu'à mon avis cela puisse amener un résul- tat sensiblement différent.

i. Notice sur deux manuscrits d'une traduction française de la Consol. de Boèce, 1910, p. 3g. Voy. aussi sur ce point l'étude de M. Nagel (Zeitschr. f. rom. Phil., XV p. 3.) qui constate éga- lement des rapports étroits entre Renaut de Louons et les traduc- tions 11-111.

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