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REMEDE DE FORTUNE XXXI

crits, a dû jouir d'une vogue beaucoup plus considé- rable (les versions II et III dans rénumération de L. Delisle), Machaut ne l'a certainement pas utilisée, car on trouve dans le Remède de Fortune des passages qui, non seulement dans le texte, mais jusque dans le mouvement oratoire de la phrase, reproduisent bien plus exactement que la traduction elle-même le contenu et le style de l'original et ne peuvent par conséquent dériver de cette version '.

Enfin, il ne me semble pas non plus que Machaut ait profité d'une troisième traduction, la plus répandue de toutes au xiv e siècle, celle que Renaut de Louens acheva le 3i mai 1 336 \ D'abord, cette rédaction est-

se trouve pas telle quelle dans la source commune; mais elle pourrait avoir été suggérée aux poètes par les vers suivants de Boèce (I 5 poésie) :

. . Ut nunc pleno lucida cornu Fratris totis obvia Jlammis Condat stellas luna minores, Nunc obscuro pallida cornu Phoebo propior lumina perdat.

Peut-être aussi remonte-t-elle aux commentaires qui accom- pagnèrent de bonne heure le texte si cher au moyen âge.

i. Il suffira de citer l'exemple suivant : Les vers de Guillaume (2541-42)

C'est ses estas, c'est sa nature,

Ce sont ses meurs, c'est sa droiture

rendent infiniment mieux la phrase latine : « Hi semper eius mores sunt, eius Natura » (II 1 Pr.), que la traduction : « c'est tousjours sa manière »; quant à la proposition qui la suit immé- diatement dans le texte latin, « Servavit circa te propriam potius in ipsa sui mobilitate constantiam », la traduction l'omet com- plètement; on la trouve par contre chez Machaut dans les vers 2539-40 :

Comment que sa mobilité

En mouvant soit establetê.

2. Cette version, encore inédite, n'est pour le moment qu'im- parfaitement connue grâce aux études indiquées plus haut (p. 32, n.i), et ce n'est donc qu'à un résultat approximatif que j'ai pu arri-

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