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REMEDE DE FORNUNE XXIX

table « Remède de Fortune » (vers 2403-28161 — est complètement inspiré des chapitres de la Consolation de Boèce où celui-ci disserte sur ce même sujet, les effets et l'essence de Fortune. Les idées principales émises par Guillaume se trouvent dans l'œuvre latine ; l'ordre et la succession des idées sont à peu près con- servés, à part quelques transpositions sans grande importance; certaines comparaisons sont soigneuse- ment reproduites, certains passages presque littérale- ment traduits; la manière d'argumenter et le fond des raisonnements restent les mêmes. Il n'y a jusqu'à la forme qui n'en soit pareille : la discussion sous forme de dialogue où la dame soutire à son interlocuteur les brè- ves réponses dont elle a besoin pour appuyer ses longs raisonnements. Il ne saurait donc subsister aucun doute à cet égard : dans la partie du Remède de Fortune qui contient les explications qu'Espérance donne sur Fortune et qui forme la partie centrale de l'œuvre entière, Guillaume suit de très près le traité de Boèce de la Consolation de Philosophie . Toutefois, il y ajoute aussi du sien, développant par moments avec plus d'ampleur ce que sa source n'avait que brièvement indiqué, ajoutant ici une nouvelle image, là un raison- nement personnel, et choisissant judicieusement ce qui, dans le traité de Boèce, lui semblait le plus approprié à son but. Ce n'est donc point une traduction ni une imitation servile qu'il nous en donne, mais une para- phrase raisonnée et d'un caractère personnel, malgré l'imitation évidente du modèle latin.

On peut se demander si Guillaume dans son adap- tation a directement suivi l'original latin ou s'il ne s'est pas plutôt servi de l'une ou l'autre des traductions françaises qui en existaient déjà de son temps. A priori il n'y a pas de raison pour admettre que Machaut ne soit pas remonté jusqu'au texte latin : il connaissait cette langue et était à même de comprendre le traité de

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