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XXVIII INTRODUCTION

cependant les contient tous. Sans suivre sa source dans ses hautes spéculations métaphysiques, Machaut se contente d'indiquer les voies qui mènent à « Bon- neiirté » : ce sont Souffissance et Patience, dont Boèce avait déjà parlé au II e livre. Or, possédant cette « Bon- « neiirté, ce bien suprême, on possède par là même

« Gloire, Délit et Révérence,

« Puissance, Honneur et Souffîsance » (2789-90);

ce qui répond à peu près exactement à cette assertion de Boèce : Vera est et perfecta félicitas quae sufficien- tem patentent rêver endum célèbrent laetumque perficiat (III 9 Pr.). Et de même que Boèce finit par trouver en Dieu le souverain bien ' , de même Guillaume termine sa démonstration en déclarant que c'est de Dieu, « dou maistre premerain Qui est fin et commencement» etc. (2792 ss.), que vient le véritable bonheur.

C'est à la même source qu'il emprunte une dernière réflexion ; il recommande au malheureux amant de per- sévérer dans l'amour malgré tous ses déboires, car

Amy vray ne sont pas en compte Des biens Fortune, qui bien compte, Mais entre les biens de vertu (2801 -3).

Or Boèce avait précisément démontré que c'était l'un des avantages de la mauvaise fortune, de montrer à l'homme quels sont ses vrais amis qui lui restent fidèles dans le malheur : pretiosissimum divitiarum genus est amicos invenisti (118 Pr.) \

On voit donc que notamment le discours tout entier de dame Espérance sur Fortune — c'est-à-dire le véri-

1. Veram beatitutinem in summa deo sitam esse necesse est,

in, 10.

2. C'est sur ce point que Jean de Meun avait surtout insisté dans le Roman de la Rose.

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