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REMEDE DE FORTUNE XXV

passage : « Nunc te primum liventi oculo praestrinxit » (II, 3 Pr.). De cette brève indication, Machaut a fait naître la longue description de Fortune aux deux visages qui inaugure le discours d'Espérance. Ensuite c'est, dans la forme (le dialogue où la dame questionne et discute les courtes réponses de l'amant) comme pour les idées, une reproduction assez exacte de certains chapitres de Boèce, mais encore traités librement et arrangés d'après les idées personnelles du poète. Ainsi Machaut commence par démontrer que les biens de Fortune, sujets à des variations subites et pleins d'in- constance, ne sauraient donner le vrai bonheur. Or cette démonstration se rattache étroitement au texte du traité latin ', mais ici elle se place à la suite d'autres raisonnements qui chez Machaut, au contraire, vont sui- vre. Après d'autres emprunts faits au même chapitre où le poète avec les mêmes arguments que Boèce recom- mande comme remède principal la patience et la « Souffi- sance » 2 il va être l'avocat, comme Boèce, de cette For- tune si injustement accusée et prouver qu'en changeant sans cesse elle ne fait que son devoir. Dans ce but, il reprend de nouveau des arguments de Boèce (II i Pr.), mais que celui-ci avait autrement disposés.

Les passages qui sont directement traduits du texte latin sont nombreux. Fortune change et varie sans cesse :

Hi semper eius mores sunt, ista C'est ses estas, c'est sa nature, natura, B II. i Pr. Ce sont ses meurs, c'est sa

[droiture (2541-2),

Servavit circa te propriam po- Comment que sa mobilité tius in ipsa sui mobilitate En mouvant soit estableté constantiam (ibid). (2539-40).

1. II 4 Pr. : « Si beatitudo est summum naturae bonum ratione degentis » (voy. la traduction presque littérale aux vers 2467 ss.).

2. Beata sors omnis est aequanimitate tolerantis = 2489-90; Quis est ille tam félix, etc. = 2487 ss.

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