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X INTRODUCTION

vienne « hucher le vin et les épices » (v. 4009). On mange, on boit « de ce ver millet » que servent les écuyers, et enfin, l'après-midi étant venu sur ces entre- faites ', on prend congé de la maîtresse de maison.

A côté de ce passage tout particulièrement intéressant on trouve, disséminés dans le corps de l'ouvrage, d'autres renseignements moins précis et moins détail- lés, mais non moins instructifs. C'est ainsi qu'on apprend que du temps de Guillaume, la société cour- toise connaissait et cultivait encore le jeu du « Roy qui ne ment » (v. 770), ce jeu qui à cette époque précisément semble même exercer une certaine influence sur la pro- duction poétique et littéraire 2 . Ailleurs, on accueille avec plaisir certains détails où l'auteur nous fait savoir la façon dont se répandaient au xiv e siècle les pièces lyriques nouvellement composées. Au dire du poète, elles circulaient comme pièces détachées non plus ora- lement, mais écrites, peut-être même avec la notation musicale, sans toutefois toujours porter le nom de l'au- teur; car la dame se fait lire le lai de Machaut qui est venu entre ses mains, mais elle en ignore l'origine 3 (v. 688 ss.).

Qu'on trouve des traits de ce genre, des descriptions aussi minutieuses et détaillées dans des œuvres pure- ment narratives de l'époque, ce fait n'a rien qui doive nous surprendre. Mais ils peuvent nous étonner dans

1. C'est vers « nonne » (3 heures) qu'on s'en va, d'après Machaut, donc au moment où, en règle générale, commençait le second repas de la journée. Le vin et les épices marquaient ordi- nairement le moment de la séparation à l'heure du coucher.

2. Voy. là-dessus notre étude Frage- und Antwortspiele in der fran\. Literatur des 14. Jahrhunderts dans la Zeitschr. fur roman. Philologie, xxxm (1909), 695-710.

3. Il ne faudrait toutefois pas oublier que ce dernier trait était de la plus grande importance pour la suite du poème. Peut-être, n'est-ce donc qu'une fiction inventée par Guillaume pour les besoins de la cause.

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