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REMEDE DE FORTUNE VII

retracerait dans ses vers. Cette impression, l'auteur l'a encore accentuée, en émaillant son poème de nom- breux traits empruntés directement à la vie réelle, telle qu'il l'avait journellement sous les yeux. On trouve là de précieux renseignements sur une partie des coutu- mes et des moeurs de la vie féodale au xiv e siècle dont l'histoire de la civilisation pourra et devra tirer parti. C'est surtout la dernière portion du récit, qui, sous ce rapport, offre le plus grand intérêt (v. 3349 ss '•

Ce sont d'abord quelques détails sur la danse à laquelle le poète, à son retour, trouve mêlée sa dame et où il prend lui-même une part active (3350,-3509). On danse en plein air, dans un parc à proximité du châ- teau, dames, chevaliers et pucelles et d'autres gens encore. A défaut d'instruments et de « ménestrels », les danseurs eux-mêmes accompagnaient la danse, en chantant à tour de rôle des « chansonnettes », par exemple un virelai que chante Guillaume, ou une autre chanson moins nettement définie, qui commence et finit avec un court refrain (soit donc encore un virelai, soit, plus probablement, un rondeau) qu'entonne une dame immédiatement après le poète. La danse consiste à se mouvoir en rond 2 , les danseurs se tenant par la

i.Cela n'a pas échappé au premier éditeur de Machaut, Tarbé, qui, dans les extraits des œuvres de Machaut, a publié à peu près tout ce passage (les vers 3890-4018) avec quelques omis- sions et quelques fautes de lecture, sous le titre « Journée de ré- ception dans un château au xiv° siècle » (Œuvres de Machaut, p. 85 ss.). Les détails fournis par notre poète peuvent tantôt confirmer tantôt compléter les données tirées pour une époque un peu antérieure des chansons de geste par M. Zeller (Die tâglichenLebensgewohnheiten im altfran^ôsischen Karls-Epos,Aus- gaben und Abhandlungen 42) et des romans arturiens par Otto Mûller (Die tdglichen Lebensgewohnheiten in den altfran\. Artus- romanen, 188g). Voy. aussi Alvvin Schultz, Das hôfische Leben $ur Zeit der Minnesinger, 2 e éd. 1889.

2. Cela ressort assez clairement des vers 3412-13 : la dame qui a vu venir le poète se trouve plus près de lui, après avoir fait

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