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IV INTRODUCTION

dré dans le récit d'une aventure d'amour personnelle au poète.

Après avoir énuméré dans une courte introduction (1-44) les douze règles que doit observer celui « qui vuet aucun art aprendre », le poète, passant immédia- tement à ses propres affaires, nous fait savoir quels étaient les maîtres chargés de son éducation : Amour et sa dame. L'un lui enseigne comment il pourra se rendre digne de l'amour de celle qu'il aime (45-166); les quali- tés, les paroles, le maintien de l'autre lui servent d'exem- ple et lui montrent les vertus qu'il devra s'efforcer d'ac- quérir lui-même (167-352). Mais, n'osant avouer ses sentiments de peur d'un refus, il se contente de les tra- duire en « ballades, rondeaux, virelais », voire même en lais, dont il nous communique un spécimen (353- 680).

Ce lai devient la cause de son infortune apparente. Un malin hasard veut qu'en la présence de l'auteur cette pièce tombe sous les yeux de la dame que le poète adorait en silence, et c'est lui-même qui est chargé d'en faire la lecture. Mais voici que la dame a la malencontreuse idée de chercher à savoir par lui quel en est l'auteur. Cruel dilemme! Se nommer, c'est avouer son amour et par là même risquer d'encourir ce refus qu'il redoute par-dessus tout. Mais déclarer ne rien en savoir, c'est mentir, grave offense envers celle qu'on aime. Guillaume perd la tête : il se sauve sans mot dire, en pleurant de douleur et de honte (681-770). Afin de se soustraire aux regards indiscrets, il se réfu- gie en un endroit isolé et écarté du monde, dans le Parc de Hesdin. Ici, se livrant à d'amères réflexions sur son sort, il compose une longue complainte dans laquelle il maudit d'abord l'inconstance et la cruauté de Fortune et accuse ensuite Amour, source de tous ses malheurs (771-1480).

A peine a-t-il achevé ses lamentations, qu'un regard

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