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LVI INTRODUCTION


technique de ce poème par comparaison avec les autres dits[1], enfin son contenu auquel manque presque complètement la note personnelle et originale qu’on trouve par tout ailleurs, tout cela contribue à nous confirmer dans cette pensée que le Dit dou Vergier marque le début littéraire de Machaut.

Comme tous les poètes de son époque, Guillaume de Machaut a subi l’influence profonde du Roman de la Rose. Son Dit dou Vergier n’est qu’une imitation serville du chef-d’œuvre de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun ; il lui emprunte et ses principaux éléments et sa donnée fondamentale. C’est, de même que dans son grand modèle, une vision que le poète raconte. Cette vision, il l’a eue dans ce merveilleux verger d’Amours où se passait aussi l’action du Roman de la Rose. Guillaume y rencontre le Dieu d’Amours accompagné de les servantes et servants que lui avait déjà attribués Guillaume de Lorris : Franchise, Pitié, etc. Le dieu lui énumère toutes ses qualités et dépeint sa puissance, en expliquant les attributs symboliques dont

  1. C’est notamment par la pauvreté des rimes que le Dit dou Vergier se distingue des autres poèmes de Machaut. La proportion des rimes léonines dans le Dit dou Vergier est de 19 %, dans le Roy de Navarre de 35 %, dans le Remède de Fortune de 31 %, dans le Dit dou Lion de 34 %. Ajoute-t-on les rimes féminines, considérées comme léonines par les poètes du moyen âge, leur nombre n’atteint que 50 % dans le Dit dou Vergier contre une moyenne de 71 à 84 % partout ailleurs, Les rimes suffisantes dans le Dit dou Vergier sont de 14 % dans le Remède de Fortune de 3 %, dans le Roy de Navarre et le Dit dou Lion de 0,4 et 0,6 %.