n’est peut-être tout simplement rien autre que l’original lui-même dans la dernière phase de son développement. Par conséquent, comme manuscrits procédant immédiatement du manuscrit original, nous comptons ceux que nous avons désignés par les lettres m, b et k (manuscrits perdus), A et F-G (manuscrits conservés) ; quant à c, la question reste pendante. Mais si ces manuscrits si différents l’un de l’autre remontent tous au même original, comment expliquer leurs divergences ? En voici l’explication dont nous aurons à donner les raisons plus tard : O, l’original, était sans doute le manuscrit qui appartenait à Machaut lui-même et où il mettait « toutes ses choses », comme il nous le fait savoir dans le Voir Dit. Or, ce manuscrit, naturellement, ne fut constitué que peu à peu, au fur et à mesure que le poète achevait ses poèmes et les insérait dans la collection de ses œuvres. C’est d’après son propre manuscrit que Machaut lui-même, à diverses reprises, fit exécuter des copies destinées à ses protecteurs et seigneurs ; telle la copie dont il nous parle au début du Voir Dit et qui, par conséquent, ne pouvait contenir que des œuvres antérieures à 1364. Il existait donc du vivant même du poète des manuscrits qui ne contenaient qu’une partie de ses œuvres, partie plus ou moins considérable selon l’époque où ils furent écrits, d’après l’état plus ou moins avancé de l’original de Guillaume. Ces copies présentaient les œuvres de Machaut dans les différentes phases de leur développement, et les manuscrits que nous possédons encore aujourd’hui reproduisent en quelque sorte quelques-unes au moins de ces étapes dans le progrès de l’œuvre du poète. La première de ces étapes est représentée par le manuscrit C, une seconde par le
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INTRODUCTION XLIX