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INTRODUCTION XXXIX seigneur, l’anagramme à la fin de l’œuvre nous le révèle, est Jean, duc de Berry et d’Auvergne, qui alla à Londres au mois de novembre de l’année 1360. Jean vient de recevoir son titre de duc  ; ce fut évidemment pour Machaut la raison d’écrire son poème à cette occasion. D’un autre côté, rien ne fait encore prévoir le retour du duc qui eut lieu vers la fin de l’année 1362. C’est donc entre la fin de 1360 et la fin de 1362 que fut écrite la Fontaine amoureuse en l’honneur de Jean de Berry. Celui-ci ne paraît plus désormais dans les œuvres de Guillaume. Et pourtant leurs relations n’ont pas dû s’en tenir là ; car dix ans plus tard, dans un document du 15 octobre 1371, « mestre » Guillaume de Machaut figure parmi les nombreux créanciers du duc[1]. Il s’agit très probablement de la gratification que Jean avait nécessairement dû allouer au poète pour son œuvre et qui n’aurait jamais été payée. Le plus beau des manuscrits des œuvres de Machaut, le manuscrit E (B. N. fr. 9221), a été exécuté pour ce même duc de Berry, grand amateur de livres et d’objets d’art. L’exemplaire, il est vrai, est trop fautif pour qu’on puisse supposer que Guillaume lui-même le lui ait offert ; mais il remonte à une source plus ancienne, et c’est ce premier manuscrit que Guillaume peut avoir fait faire pour ce prince. D’autres seigneurs encore paraissent dans l’œuvre de Machaut, sans qu’il soit possible d’établir si et quand le poète a eu avec eux des relations personnelles. Il devait forcément au moins les rencontrer dans l’entourage de ses protecteurs royaux, tel le comte de Tancarville dont il a déjà été question (voy. p. xxxv),

  1. Prise d’Alexandrie, p, xvii, n, 2.