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XXVIII INTRODUCTION


m’abandonna[1]. » Il est inutile de chercher à déterminer les charges que le poète aurait occupées auprès des princes dans l’entourage desquels on le rencontre ; il ne paraît en vérité avoir eu d’autre emploi que celui de divertir et de glorifier ses maîtres dans les poèmes qui faisaient sa gloire. On verra pourtant qu’il portait encore auprès d’un autre souverain ce titre de secrétaire qu’il avait eu chez le roi de Bohême, ce qui n’était probablement qu’une manière honorable de se faire rémunérer ses services.

Sa renommée de poète remonte certainement encore à l’époque où il se trouvait au service du roi de Bohême. À vrai dire, parmi ses dits, le plus ancien qu’on puisse dater sûrement est le Dit don Lion, écrit en 1342. À cette date, nous l’avons vu, il avait sans doute déjà quitté son premier maître. Mais ce poème n’occupe que la quatrième place dans la série des œuvres du poète[2]. Or, nous espérons démontrer ailleurs que ses longs dits au moins se succèdent dans l’ordre chronologique. Le Dit dou Vergier, le Jugement don Roy de Behaingne et le Remède de Fortune sont, par conséquent, y antérieurs à l’année 1342. Parmi ceux-ci, le Jugement dou Roy de Behaingne qui contient un éloge pompeux de ce souverain est évidemment écrit à l’époque où le poète était encore son secrétaire, puisque Guillaume y déclare expressément séjourner avec son maître au château de Durbuy. Et c’est précisément ce poème qui a établi la renommée littéraire de son auteur. Le problème que

  1. Livre du Voir Dit, p, 132.
  2. Il se trouve, en réalité, à la cinquième place ; mais le Jugement dou Roy de Navarre, qui est plus récent, a été placé immédiatement après le Jugement dou Roy de Behaingne qu’il complète et corrige et auquel il est intimement lié.