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XXIII
INTRODUCTION

venu occuper personnellement sa place de chanoine à Reims et résider dans cette ville au plus tard trois ans après sa nomination, probablement même plus tôt[1]. Il

  1. Un poème de Machaut, la Complainte a Henri, semble tout d’abord confirmer ce fait. Guillaume s’adresse à un ami que nous ne connaissons pas, du nom de Henri. On peut écarter les différentes tentatives faites pour identifier ce personnage (Henri de Navarre, d’après Caylus ; Henri de Brabant et Henri de Transtamare sont écartés par Tarbé, p. 179, s. v. Henry). L’auteur est à Reims ; il se plaint amèrement des nombreuses vexations qu’il a à subir : « Il m’estuet mettre aus murs de la ville ; Et si vuct on que je veille a la porte Et qu’en mon dos la cote de fer porte. » Ensuite il y a « maletosîc et subside et gabelle, flebe monnoie et imposition et dou pape la Visitation » ; puis il « faut paier pour huit ans les trentismes et sans delay pour le roi trois disismes ». L’Église est détruite et a perdu sa franchise ; et pour comble « dit on que li rois d’Angleterre vient le seurplus de ma substance querrc. » Il est malade et sans argent ; son frère de même ; et de son « borgne oueil » il aperçoit « qu’a court de roy chascuns y est pour soy. » Aussi est-il décidé à quitter cette ville où il est « comme uns prcstres et lais et en main de commun » et, à s’en aller « demourer en l’Empire, en essil. » Ce poème, d’après P. Paris (Voir Dit, p. 383) fut écrit en 1340. Machaut, dans les premiers vers, se plaint de ne plus courir a ne mont ne plain », car « a piet sui sans cheval et sans selle ». Ce serait une allusion à l’achat de son cheval par l’échevinage de Reims en 1340. Il faut avancer la date de cette complainte de près de vingt ans. Tarbé la place entre 1356 et 1358, après la bataille de Poitiers et avant le siège de Reims par les Anglais. On peut même aller