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« Sire, je di que cil dui amant sont[1]
Moult engoisseus, quant einsi perdu ont
Ce qu’il aimment, et que li cuers leur font,[2]
          1668 Si com la cire
Devant le feu se degaste et empire.[3]
Mais qu’il soient tuit pareil de martire[4]
Et de meschief, ce ne vueil je pas dire.[5]
          1672 Ce qui me muet[6]
Vous vueil dire, puisque faire l’estuet :[7]
Ceste dame jamais vëoir ne puet
Son ami vray, einsi comme elle suet.[8]
          1676 Si avenra[9]
Einsi que, puisque plus ne le verra,[10]
Je feray tant qu’elle l’oubliera.
Car li cuers ja tant chose n’amera
          1680 Qu’il ne l’oublie
Par eslongier. Certes, je ne di mie[11]
Qu’une pièce n’en ait peinne et hachie ;[12]
Mais Juenesse qui tant est gaie et lie[13]
          1684 Ne soufferroit
Pour nulle riens qu’entroubliez ne soit.
Car Juenesse, sire, comment qu’il voit,[14]
Met en oubli moult tost ce que ne voit.[15]
          1688 Après je di
Qu’Amours n’a pas tant de pooir en li[16]
Que soustenir se peüst sans ami
L’eure d’un jour, ne sans amie aussi.[17]

  1. AFMBD amans
  2. E amoient ; KJ et qui ; P les cuers ; leur manque dans E
  3. se manque dans A ; FM ce ; KJ gaste
  4. tuit manque dans M ; KJ dun mart.
  5. EKJ Ne
  6. E Et ce qui men muet ; KJ mesmeut
  7. D vueil je dire ce que f. ; E dire lest. ; KJ pourquoi dire lest.
  8. vray manque dans D ; P com ; K sceust
  9. 1676-1715 manquent dans D
  10. K puis plus ; P la ; KJ reuerra
  11. KJ certes ne dire mie ; P certes ne di je mie
  12. KJ p. on ait ; E hastie
  13. E gay
  14. P soit
  15. EKJ quil
  16. E o li
  17. ACD du jour.