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Que mes las cuers dcdens mon corps devient[1]
Si dolereus que pasmer me convient.
          1048 Et se pensée
Par souvenir est en moy engendrée,[2]
Quelle est elle ? Elle est desconfortée,
Triste, mourne, lasse et désespérée.[3]
          1052 Et, par ma foy,
Je n’ay penser qui ne soit contre moy ;[4]
Et si le pren au pis. Savez pour quoy ?[5]
Pour ce qu’aler ma dame en change voy.[6]
          1056 Et se la joie
Que j’avoie, quant en sa grâce estoie,
Ne fust plus grant que dire ne saroie,
N’ymaginer ne penser ne porroie,
          1060 La grief dolour[7]
Qui me destreint en fust assez menour.[8]
Mais de tant plus que j’eus joie grignour,[9]
De tant est plus crueuse ma langour.[10]
          1064 Et que ravoir
Puisse ma dame, ou je n’ay nul espoir,[11]
Ymaginer ne le puis, ne vëoir.[12]
Se vous diray ce qui m’i fait doloir :[13]
          1068 Dame, il me samble
Qu’une chose qui se part et assamble[14]
En pluseurs lieus, et avec c’elle tramble[15]
Et n’arreste ne que fueille de tramble,[16]
          1072 Et n’est estable.[17]

  1. AV sestcint
  2. M par moy
  3. CP T. lasse mourne (C morte)
  4. E pensée
  5. A se ; BD se je le
  6. FMCJ au change
  7. E Ma
  8. C destruit ; E destaint ; EKJ et fait assez
  9. D tant pris ; E com jay ; KJ corn la joie iert
  10. C cruelle ; E dolour
  11. P dame je ny ai nul e.
  12. BDEK la
  13. KJP me ; CP mouuoir
  14. D Se une
  15. rt manque dans D ; c manque dans P ; C cl ; E : ce il me semble ; KJ ce se change
  16. MBEKP Ne ; P sarr. ; M nés : C nciz ; E qui tramble
  17. J Ne.
    Tome I. 7