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L′amour de li mieus que je ne soloie,[1]
Ne say je pas, se je m′i fieroie.
Certes, nenüil ! Pourquoy ? Je n′oseroie.[2]
          1000 Car nourreture,[3]
Si com on dit, veint et passe nature,[4]
Et toudis va, s′il ne se desnature,[5]
Li leus au bois ; c′est la vérité pure.[6]
          1004 Et par ce point
En mon désir d′espérance n′a point,[7]
Mais en li gist desespoir si apoint[8]
Que je seray matez en l′angle point[9]
          1008 Dou souvenir[10]
Que vous dites, qui fait en moy venir[11]
La pensée qui me fait resjoir.[12]
Certes, de lui ne puis jamais joïr,[13]
          1012 Ne n′en joï.[14]
Ne ne le vi, ne senti, ne oï,[15]
Puis que ma dame ot fait nouvel ami ;
Car adonques se parti il de mi.[16]
          1016 Si vueil prouver
Que c′est la riens qui plus me puet grever
Et qui plus fait mon cuer désespérer
Que souvenir. Vous savez, et est cler,[17]
          1020 Chascuns le voit,
Que, se jamais il ne me souvenoit

  1. J puisse. EKJ de lui (K li) ainsi com je soloie
  2. D G. je nennil ; F nanil ; KJ je ne pourroie
  3. Les vers 1000-1047 ne se trouvent que dans CEKJPR
  4. Ce. len ; on manque dans J
  5. C tousjours
  6. KJ ou ; P de sa propre nature, à la marge cest la vérité pure ; la manque dans C
  7. E Eus
  8. PR a li (R lui) joint d. ; C a lui tout d.
  9. KP jen ; R mat ou aueugle a p.
  10. KJ Dont
  11. R quil
  12. C ma
  13. C ne puisse mais ; P ne puiz je mes joir
  14. P Je ; KJ Ne ne
  15. C Ne uere (sic) ; KJ ne oy ne senti
  16. KJ adont ; KJ p. el demi
  17. E s. cest tout cler ; KJ que cest cler ; R vous le veez au cler.