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Comment de moy ma dame ne souvint,[1]
Les biens, les maus qu’endurer me convint
          868 Jusqu’au jour d’ui.[2]
Comment je n’ay aïe de nelui,[3]
Comment vengier ne puis mon grief anui,[4]
Dont a par mi me mourdri et destrui ;[5]
          872 Si que je di,
Se bien m’avez entendu et oy,
Que la doleur dont en morant langui,
Qui mon aire a desteint et pâli[6]
          876 Par sa rigour,[7]
Est de vos maus cent mille fois gringnour ;
Car fine joie et parfaite douçour
Sont vostre mal encontre la dolour
          880 Qui me martire ».
— « Certes, sire, pas ne vous vueil desdire[8]
Que vous n aiez moult de dolour et d’ire,
S’einsi perdez ce que vos cuers désire.[9]
          884 Mais toute voie,
Il m’est avis, et dire l’oseroie,
Considéré vo dolour et la moie,
Qu’il a en vous meins dolour et plus joie[10]
          888 Qu’il n’ait en moy.[11]
Si vous en vueil dire raison pourquoy :[12]
Vous m’avez dit que vous amez en foy[13]
Ceste dame qui tant vous fait d’anoy,
          892 Et amerez

  1. BD ma dame de moy ; B1 ajoute rien entre moy et ne
  2. A a
  3. MDKJP aide — Dans C Vordre des vers est le suivant : 871, 870, 869, 872 ; dans P 869, 871, le vers 870 manque ; après le vers 871 on lit :
    Et si ny voy ne secours ne refui
  4. E grant
  5. A mourdris ; me manque dans D
  6. J destraint ; C destruit
  7. KJ vigour
  8. C biau sire ; M pas je ne ; E veul dire
  9. J Ainssi
  10. D maint doulour
  11. DEKJP na
  12. D veul rendre
  13. vous manque dans M ; D vous amee ; en foy manque dans B.